Non Ronald Virag, l’asexualité n’est pas une maladie

La couverture du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux

Vous pouvez lire aussi l’article sur le blog de l’Express de Camille qui a accepté de publier ma réponse. Merci Camille !

Il y a quelques jours un médecin sexologue du nom de Ronald Virag a publié sur Leplus un article profondément dérangeant qui traite d’asexualité. Je ne vais pas vous dire tout ce que je pense de Ronald Virag et de son article. Il suffit juste de savoir que Ronald Virag est un scientifique reconnu et que l’essentiel de son argumentation revient à associer l’asexualité à un ensemble de pathologies que l’on trouve dans les manuels de psychiatrie. Il n’est pas parfaitement clair sur le sort qu’il réserve à l’asexualité en général, mais il semble bien que pour lui l’asexualité soit une pathologie mentale, ou plutôt un ensemble de pathologies rassemblées sous un label commun.

Vous avez sans doute compris : je ne partage pas l’avis de Ronald Virag. Pour vous dire les choses directement, je pense que les sexologues en général et Ronal Virag en particulier sont en train de commettre la même erreur qu’ils ont déjà commise avec l’homosexualité. Cette erreur, c’est celle de confondre préjugés et vérité. Cette erreur, c’est celle de se sentir obligé de transformer les sexualités qui dérangent en maladies mentales.

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Mais l’asexualité, c’est pas une vraie oppression ?

Je vais vous le dire franchement, je suis un peu fan de Cassidy et de son blog « Lacets rouges et vernis noir » et je vous conseille fermement d’y jeter un œil. Quoi qu’il en soit, elle a écrit un petit texte (et un autre) sur la question des « privilèges » monosexuels (des personnes qui ne sont pas bies) et sexuels (des personnes qui ne sont pas asexuelles). Elle dit des choses très bien et pose plein de questions qui sont pertinentes en particulier sur la catégorie « sexuel » et sur la possibilité de calquer des schémas politiques d’un sujet à un autre. Lisez le papier.

Son texte est intéressant aussi parce qu’il pose la question de savoir si on peut avoir sérieusement un discours « politique » sur l’asexualité ou si en fait, comparée aux vraies oppressions et aux vraies injustices, c’est du pipi de chat. Je précise : Cassidy ne dit pas que l’asexualité c’est du pipi de chat et donc ma « réponse » n’en n’est pas vraiment une et son article est plutôt un prétexte que je prends pour pouvoir parler de ce sujet. Le truc c’est que plutôt souvent et plutôt sur Twitter, je me retrouve avec des personnes qui m’expliquent froidement qu’il n’y aurait pas de « violences » liées à l’asexualité, que les personnes asexuelles n’ont pas de « problèmes » spécifiques ou bien que ces problèmes s’expliquent bien mieux en référence à d’autres formes d’injustice ou d’oppression (des vraies), en particulier le sexisme ou l’hétérosexisme. Bref, qu’on ferait mieux de se dissoudre dans l’atmosphère (et sans faire trop de bruit si c’est possible) et de ne pas enquiquiner les grandes personnes avec nos histoires ridicules d’asexualité.

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Consentement et culture de la sexualité obligatoire

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Une personne asexuelle qui ignore qu’elle est asexuelle va grandir en croyant qu’elle doit être absolument sexuelle, qu’elle doit absolument ressentir de l’attirance sexuelle et être sexuellement active. Éprouver du désir sexuel est présumé être aussi naturel et universel que respirer, et une personne qui n’en aurait pas serait nécessairement anormale ou déficiente d’une façon ou d’une autre. Les personnes asexuelles subissent une pression à la « normalité » à cause du stigma et des stéréotypes que notre culture attache aux notions de virginité, de célibat, d’aromantisme, et d’autres. Une personne asexuelle qui ne se conforme pas à une forme de sexualité obligatoire rencontrera préjugés, harcèlement, sera considérée comme malade ainsi que d’autres difficultés ; en somme, elle subira des pressions, sera contrainte à se comporter comme une personne sexuelle « normale »*.

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Pourquoi a-t-on du mal à comprendre l’asexualité ?

Le texte qui suit est extrait d’une interview de David Jay (le fondateur de AVEN) menée par un chercheur anglais du nom de Mark Carrigan. Vous pouvez l’écouter en entière et en anglais à cet endroit.

Mark Carrigan : Un certain nombre de personnes n’arrivent pas à comprendre l’asexualité sur un plan intellectuel. Est-ce un problème ? Comment le régler ?

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Asexualité, féminisme, masculinité et impératif sexuel : une interview avec Ela Przybylo

1- Bonjour Ela, pouvez-vous vous présenter et dire quelques mots sur votre travail ?

Mon nom est Ela Przybylo et je suis une chercheuse féministe au Canada. Cela fait plusieurs années que je m’intéresse à l’étude de l’asexualité – moins comme une identité et une plate-forme d’organisation que comme un ensemble de réactions face à l’impératif sexuel.

 

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L’asexualité est une sexualité déviante

 

Je republie ici l’article que Camille avait publié sur Sexpress sans les intertitres farfelus et avec son titre original.

 

Vous avez bien lu et je n’ai pas peur de l’écrire : l’asexualité est une sexualité déviante. C’est une sexualité infréquentable, une sexualité malsaine. Et c’est à se demander si ce n’est pas déjà un peu voyou d’aller jusqu’au bout de l’article. Mais continuons, car si l’asexualité dévie, elle dévie bien par rapport à quelque chose. Et on peut se demander, ce quelque chose : c’est quoi ?

Et ça non plus je n’ai pas peur de l’écrire : c’est la sexualité elle-même qui est la norme. Notre société commande la sexualité. La sexualité n’est pas un choix. La sexualité n’est pas une possibilité. La sexualité : c’est obligatoire.

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Lettre ouverte aux adolescentes et adolescents asexuels

Ce texte est une traduction de « An Open Letter to Asexual Teenagers ».

J’ai à présent plus d’une vingtaine d’année et je n’ai pas de désir réel de revivre mes années d’adolescence. Si je le fais, c’est parce que ça peut aider d’autres personnes qui pourraient traverser les mêmes « problèmes » que ceux auxquels j’ai été confrontée, en tant qu’adolescente complètement désintéressée par le sexe. Lire la suite

Petite expérience de pensée à destination des personnes qui ne sont pas asexuelles

« Imaginez que vous vous réveilliez un jour dans un monde duquel toute sexualité a disparu. Un monde parfaitement asexuel. Personne ou presque, dans ce monde, ne ressent d’attirance sexuelle. Et évidement, on ne parle pas de sexualité, il n’y a pas de mots pour décrire l’expérience de la sexualité, ni d’idées pour la comprendre. Imaginons encore que dans ce monde, être asexuel-le est considéré comme la façon d’être normale. C’est la façon d’être encouragée et valorisée. Aucune personne bien constituée ne pense jamais à la sexualité. Il est connu qu’il existe des personnes sexuelles, mais ce n’est pas un sujet intéressant. Et quand on en parle, c’est toujours pour indiquer que la sexualité est le symptôme d’une inaptitude, d’une perturbation ou d’une maladie. Dans ce monde, il n’y a pas non plus de mots pour décrire les pratiques et les relations sexuelles. Les relations asexuelles, par contre, sont valorisées au-dessus de toutes les autres. Ce sont les relations les plus importantes dans la vie d’une personne et la tâche principale dans la vie d’un adulte est de trouver un-e partenaire asexuelle.

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Pourquoi il faut un A dans LGBTQIA

Ce texte est une traduction de « Reasons why I need the A in LGBTIAQ to stand for Asexual, not Ally » du blog Whimsy and Biscuits.

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Parce que ma mère m’a dit que je devais me soûler, m’allonger sur le dos et laisser mon mari prendre son pied. Parce que si j’étais soûle, je serais plus détendue et ce serait plus vite fini.

Parce que ma sœur m’a dit que j’enfermais mon mari dans une relation perverse, et qu’un jour il me quitterait.

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